La société d’intelligence artificielle OpenAI accélère son développement sur deux fronts majeurs. Lundi, elle a officialisé un partenariat d’envergure avec le fabricant de puces AMD pour renforcer son infrastructure matérielle. Parallèlement, le lancement récent de sa nouvelle application de création vidéo, Sora, suscite autant la fascination du public que de vives inquiétudes quant à ses implications éthiques et créatives.
Un partenariat majeur pour l’infrastructure de l’IA
OpenAI et le géant des semi-conducteurs AMD ont annoncé la conclusion d’un accord stratégique visant à construire la prochaine génération d’infrastructures dédiées à l’intelligence artificielle. Selon le communiqué commun, AMD fournira à l’entreprise créatrice de ChatGPT ses puces graphiques haute performance les plus récentes, dont le lancement est prévu pour l’année prochaine.
L’objectif de cette collaboration est de fournir une puissance de calcul de 6 gigawatts destinée aux futurs projets d’OpenAI. Le déploiement commencera avec un premier gigawatt qui deviendra opérationnel dès le second semestre 2026. Pour sceller cet accord, AMD a également émis un bon de souscription permettant à OpenAI d’acquérir jusqu’à 160 millions d’actions ordinaires d’AMD, ce qui représente environ 10 % de la société. L’exercice de ce droit est conditionné à l’atteinte de deux objectifs clés liés au déploiement de la puissance de calcul promise.
« Ce partenariat est une étape cruciale pour construire la capacité de calcul nécessaire à la réalisation du plein potentiel de l’IA », a déclaré Sam Altman, PDG d’OpenAI. « Le leadership d’AMD dans le domaine des puces haute performance nous permettra d’accélérer nos progrès et d’apporter plus rapidement les avantages de l’IA avancée à tous. »
Un coup de pouce stratégique pour AMD face à Nvidia
Cette annonce représente une victoire importante pour AMD, basé à Santa Clara, en Californie. L’entreprise cherchait à rattraper son retard sur son concurrent direct, Nvidia. L’essor fulgurant de l’intelligence artificielle a provoqué une explosion de la demande pour les processeurs graphiques de Nvidia, faisant grimper en flèche la valeur de ses actions et la propulsant au rang d’entreprise la plus valorisée au monde. Ce partenariat avec OpenAI positionne désormais AMD comme un acteur incontournable de la révolution de l’IA.
Sora : Entre fascination et inquiétude
Alors qu’OpenAI sécurise son avenir matériel, l’entreprise fait également l’actualité avec son application Sora, qui a provoqué des réactions très contrastées. Certains utilisateurs sont émerveillés par ses capacités, tandis que d’autres s’alarment, y voyant un outil puissant capable de saper la vérité et de menacer la créativité humaine.
Lancée la semaine dernière, l’application Sora s’est rapidement hissée au sommet des classements de l’App Store d’Apple, bien que la fonction de génération de vidéos reste pour l’instant accessible uniquement sur invitation. Sora permet de créer des vidéos à partir d’une simple description textuelle, en imitant presque tous les genres possibles, y compris des contenus protégés par le droit d’auteur. Les utilisateurs peuvent également y insérer une version d’eux-mêmes ou de leurs amis, générée par l’IA (avec leur consentement). Bien que les vidéos comportent un filigrane visuel et des métadonnées indiquant leur origine artificielle, beaucoup considèrent l’application comme un générateur d’hypertrucages (deepfakes) d’une simplicité déconcertante. Des clips montrant Sam Altman dérobant des cartes graphiques ou regardant un défilé de Pokémon sont déjà devenus viraux.
La stratégie d’OpenAI : Monétisation et anticipation
Face à la polémique, Sam Altman a indiqué dans un billet de blog que l’entreprise prévoyait de « donner aux ayants droit un contrôle plus fin sur la génération de personnages », un mécanisme similaire à celui permettant aux individus de contrôler l’usage de leur propre image. Il a également confirmé la nécessité de monétiser cette technologie, évoquant un abonnement, de la publicité, ou une combinaison des deux, sans toutefois fournir de calendrier précis.
La sortie de Sora semble illustrer la stratégie d’OpenAI qui consiste à se concentrer sur la recherche fondamentale vers une IA générale (AGI), tout en lançant des produits innovants pour financer ses énormes besoins en puissance de calcul. En publiant Sora avant de finaliser les accords avec les détenteurs de droits d’auteur, l’entreprise permet au marché de mesurer le potentiel de l’outil, adoptant une approche qui rappelle celle d’autres géants de la tech comme Uber ou Napster : « demander le pardon plutôt que la permission ».
Sam Altman a prévenu que le chemin serait semé d’embûches. « Attendez-vous à un rythme de changement très élevé de notre part », a-t-il écrit. « Nous prendrons de bonnes décisions et commettrons des erreurs, mais nous serons à l’écoute des retours pour corriger nos faux pas très rapidement. » En définitive, OpenAI continue de repousser les limites technologiques à une vitesse vertigineuse, naviguant entre les opportunités commerciales et les défis éthiques majeurs que ses propres innovations soulèvent.